J’ai découvert le bouzouki par hasard, chez un ami luthier. Celui que je joue est à fond plat de type Irlandais, mais je joue de nombreux différents styles de musiques avec.
J’ai été fasciné par le son ample et riche des doubles cordes métalliques.
Cet instrument s’intégrait parfaitement dans mon groupe de l’époque, Passe Montagne, un trio de musiques folk françaises avec un violon et un accordéon diatonique.
J’ai rapidement trouvé l’accordage qui me correspondait le mieux (A-E-A-D), non standard, un compromis entre les quartes de la guitare mais avec la corde grave décalée d’un ton plus bas, me permettant d’être à l’aise aussi bien dans les mélodies que les accords.
Je n’en ai pas changé depuis plus de 30 ans.
Ce même bouzouki m’a accompagné lors des différentes périodes musicales de ma vie : dans les musiques traditionnelles Occitanes (Delphine Aguilera, Hombeline), les musiques orientales (Pêcheurs de Perles, Moneim Adwan, Françoise Atlan), les musiques des Balkans (Balkanic Trio, Maritsa), sur le spectacle Zaia du Cirque du Soleil en Chine, et dans de nombreuses créations et enregistrements.
L’histoire du bouzouki irlandais est originale. Ce sont des musiciens irlandais qui ont adopté le bouzouki grec dans les années 60. Popularisé par le groupe Planxty, il est devenu depuis un instrument traditionnel dans la musique Irlandaise, moyennant quelques modifications, puis s’est propagé à travers l’Europe, dans d’autres formations de musique traditionnelle comme en Galice (Espagne) ou en Suède, tout en gardant son nom grec d’origine.
Ce n’est finalement pas un hasard si je joue un instrument qui a voyagé entre les cultures, moi qui puise dans de nombreuses musiques traditionnelles différentes pour trouver mon expression propre.
J’ai conservé et joue encore mon premier bouzouki, qui possède autant de qualités que de défauts… Mais qui a un son particulièrement chaud que je n’ai pas trouvé ailleurs.
J’en ai depuis fait fabriquer d’autres, dont un plus petit, plus aigu d’une quinte, que j’appelle Mandole. Je me régale avec son son beaucoup plus cristallin.
En accompagnement, la guitare à des possibilités bien plus grandes au niveau harmonique. Avec le bouzouki, j’ai appris à ne m’en tenir qu’à l’essentiel. J’ai adopté un jeu minimaliste, m’appuyant sur les toniques et les quintes, réduisant l’utilisation des tierces à son stricte minimum, mélangeant accords et bouts de mélodies (contrechants, canons…).
J’aime mettre en valeur une mélodie (chantée ou instrumentale) de manière créative, évolutive.
Lorsque je joue en groupe, mon écoute n’est pas celle d’un instrumentiste, mais celle d’un arrangeur.
Je tiens cela de mon père.