Il y a un an ouvrait à Dubai La Perle, spectacle permanent de cirque aquatique joué dans un théâtre conçu spécialement pour l’occasion, un immeuble de 10 étages à Al Habtoor City.
Conçu par l’un des fondateurs du Cirque du Soleil, Franco Dragone, La Perle pousse Dubai fermement vers le théâtre, avec ses 315 000 spectateurs annuels et plus de 400 représentations. Ce spectacle unique de 90 mn est considéré comme l’un des meilleurs de Dragone.
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“La musique du spectacle a autant d’importance qu’un personnage qui raconterait l’histoire, de même que les douzaines d’acrobates, plongeurs, acteurs, conducteurs de motos et artistes.
La musique composée par Michael Brennan, collaborateur de longue date de Franco Dragone, fait partie intégrante de la narration du spectacle. C’est pourquoi le musicien Olivier Milchberg, 54 ans, doit suivre exactement ce qu’il se passe sur scène chaque minute.
Olivier est le musicien soliste du spectacle.
Il joue du bouzouki, du banjo turc, de la guitare, et son instrument favori : le Kaval Bulgare, une flûte des Balkans qui se rapproche beaucoup du Ney Arabe.
Olivier est assis en hauteur sur un balcon à l’intérieur du théâtre. Il est placé à côté de son collègue chef d’orchestre qui lance les séquences enregistrées en fonction de l’action scénique et joue du clavier et de la mandoline électrique. Le batteur percussionniste est situé un peu plus loin dans une cabine.
« Je joue des mélodies fixes composées par Michael, mais j’ai aussi beaucoup de liberté, et je suis très heureux d’en avoir! » dit Olivier.
« J’improvise en suivant l’action sur scène, par exemple lorsque des acrobates volent et se jettent dans l’eau depuis très haut. Chaque jour c’est différent, parfois c’est rapide, parfois cela prend plus de temps. Je les suis avec ma flûte et j’essaie que ma phrase musicale se termine exactement quand ils touchent l’eau. C’est un excellent exercice. »
C’est avec cette constante recherche d’évolution en repoussant ses propres limites que ce franco-argentin s’est retrouvé propulsé dans le monde du Cirque du Soleil il y a 10 ans. Il décrit cette expérience comme un changement total dans sa vie.
Il joue de la musique comme il respire. Son père, Jorge Milchberg, a quitté son Argentine natale pour la France où il a fondé Los Incas, le premier groupe de musique latine en Europe.
Paul Simon, du duo Américain folk-rock Simon and Garfunkel, approcha Jorge après un de ses concerts lui demandant s’il pouvait reprendre une des musiques qu’il venait d’entendre, ce qui donna plus tard en 1970 le succès international El Cóndor Pasa (If I could), enregistré sur l’album Bridge over troubled water.
Jorge fit de nombreuses tournées et enregistrements avec Simon.
Des années plus tard, Olivier rejoint le groupe de son père à l’âge de 18 ans.
« Mon père est mon maître, j’ai tout appris grâce à lui » dit Olivier.
« Lorsque j’étais enfant, il y avait toujours des musiciens qui venaient répéter à la maison. J’ai beaucoup appris juste en les regardant et en les écoutant ».
« Mon père est un spécialiste des musiques traditionnelles. Il dit : vous pouvez les arranger, les adapter, mais vous devez toujours tenir compte du contexte de leur racines ».
Il y a une vingtaine d’années, Olivier monte avec l’aide de son père un studio d’enregistrement ainsi qu’une société de production, et accueille des musiciens du monde entier.
« Les collaborations au studio m’ont amené à rencontrer un chanteur Iraquien et un chanteur Palestinien, et j’ai commencé à me tourner moi-même vers les musiques orientales ».
Sa maîtrise du Kaval, du Bouzouki et du Banjo turc (joué comme un Oud Arabe) fait de lui le parfait musicien « World music », pour amener cette touche orientale à la musique de La perle.
« C’est un merveilleux environnement de travail pour un musicien », dit Olivier, parlant de sa vie à Dubai, lieu qui rassemble de nombreuses cultures et où l’on peut rencontrer d’autres artistes.
Rencontrer des musiciens d’autres cultures, c’est ma passion. Tant que je pourrais rencontrer des musiciens et monter des projets de musiques du monde, tout en jouant dans La Perle les instruments que j’aime, ce travail est pour moi une bénédiction ».
The National, United Arab Emirates, Hala Khalaf, 15 Septembre 2018
(extrait de l’article original, traduit et corrigé)